Créée pour les échanges, Villefranche-de-Rouergue a un riche passé commercial.
Dès le Moyen Age, la ville regorge d’échoppes de commerçants et d’ateliers d’artisans. Les ouvriers sont regroupés en confréries, telle celle de Saint-Crépin (cordonniers), de Sainte-Luce (tisserands), de Saint-Martin (meuniers), ou encore de Saint-Marc (maçons). Ces confréries sont les garantes du savoir des compagnons et des entraides et secours en cas de maladie.
Les noms de nos rues sont le souvenir de cette époque ou Villefranche était organisée en quartiers d’activités et de métiers, à l’image des médinas (vieilles villes) du Maghreb.
L’origine de quelques noms de rues.
Rue des bannes.
Cette rue évoque les termes occitans de bano ou bono qui signifient à la fois corne ou bâche. Plus exactement, ce sont des toiles employées pour couvrir les carrioles ou les auvents des boutiques.
A noter que plusieurs artisans sont nécessaires pour la confection des chariots : le charron, le menuisier, le ferblantier…
Rue des bastiers.
Les bastiers ou les bâtiers sont des fabricants de bâts. A Villefranche-de-Rouergue et dans sa région, on utilisait beaucoup les ânes et les mulets pour le transport des hommes et des marchandises. Les bâts, arçons de bois munis de lanières de cuirs, servent à arrimer les paniers et les marchandises à l’animal.
Rue des cardeurs.
La laine et le chanvre se travaillent avec des cardes, instruments de bois munis de grandes pointes métalliques, servant au nettoyage de la laine brute en vue de la préparation pour le rouet. Les peigneurs de laines, autre profession présente dans notre bastide, peignent et lissent la laine ou les fibres.
Rue de la cannelle.
Souvenir de la fabrication de cannelles, robinets de bois utilisés pour les cuves à vin, les tonneaux, les barriques et les pressoirs. De nombreux habitants possédaient un lopin de vigne et assuraient leurs propres vendanges et son stockage.
Rue des changeurs.
Les changeurs, installés près de l’atelier monétaire royal vivent du négoce des métaux précieux (or, argent, lingots et pièces de monnaies). Ils sont également amenés à jouer le rôle très délicat de banquier.
Rue des cloutiers.
La confection des clous parfois assurée par les forgerons et autres artisans du fer semble se s’intensifier au XIXème siècle à Villefranche au point que des artisans puissent en vivre exclusivement. Les cloutiers fabriquent des clous pour les souliers, les ferrures des sabots des animaux.
Rue de la filasse.
Les amas de filaments tirés de l’écorce du chanvre et du lin, servent à la fabrication, au moyen de fuseaux et de quenouilles, du fil utilisé pour le tissage de la toile. L’artisanat et le commerce du textile s’articulent sur la forte production locale de plantes textiles. Aussi, dès le Moyen-Age, ce négoce fut toujours important dans la bastide.
Rue des flassadiers.
Ces ouvriers confectionnent particulièrement des couvertures de lit. La rue des tisserands évoque évidemment le métier du tissage de la laine ou du chanvre.
Rue des fours banniers et la rue des fours de la ville.
Le chauffage du four et la cuisson du pain sont assurés par les boulangers qui assurent le ravitaillement en pain. La cuisson du pain est très réglementée notamment celle opérée dans les fours publics tenus par les consuls.
Rue des drapiers.
Cet artisanat et le commerce qui en découle sont attestés dès le XIVème siècle, et connaît une époque florissante au XVIème siècle. Le plus célèbre (et le plus riche) des marchands drapiers de la ville est Vézian Valette à qui l’on doit la construction posthume de la chartreuse Saint-Sauveur.
Rue des péliciers.
Les pélissiers ou péliciers sont des fabricants et des marchands de peaux légères. Le métier s’apparente au travail du mégissier.
Rue des pergameniers.
L’artisan parcheminier travaille des peaux de couleur claire (chèvre, mouton, veau ou agneau) qu’il apprête pour élaborer un support pour l’écriture. Cette activité sera concurrencée par la généralisation du papier, phénomène accentué par l’invention de Gutenberg qui trouve un écho tout particulier à Villefranche-de-Rouergue chez les deux grandes familles de libraires-imprimeurs Gransaignes et Vedeilhié.
Rue des potiers.
Cette rue évoque l’art de la poterie. On retrouve à Villefranche des potiers de terre fabriquant essentiellement des pots, des jarres ou des tuiles, et les potiers de fer, profession plus méconnue qui travaille l’étain pour élaborer des ustensiles et de la vaisselle notamment.
Rue du pressoir.
La rue indique l’importance du travail de la vigne. La culture de la vigne est quasi omniprésente sur l’ensemble des coteaux de la ville et plus particulièrement sur les coteaux de Macarou ou de Penevayre. De nombreux habitants de la bastide conservaient encore un lopin de vigne au XXème siècle.
Rue de la mercerie.
On disait au Moyen Age : “Merciers, marchands de tout, faiseurs de rien”. C’était l’exacte définition de ce métier qui rassemblent les marchandises les plus diverses pour les mettre à la disposition des clients…
Pays d’art et d’histoire des Bastides du Rouergue
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