Émilie de Rodat (1787-1852) est la fondatrice de la congrégation des sœurs de la Sainte-Famille, qui a aujourd’hui encore son siège à Villefranche-de-Rouergue.
Une Villefranchoise de noble souche
Emilie de Rodat est née au château de Druelle, près de Rodez, le 6 septembre 1787 de Charlotte Henriette de Pomairols-Ginals (cf Jean de Pomairols), qui a épousé Jean-Louis Guillaume Amans de Rodat-Druelle.
Dès 1789, elle vit chez sa grand-mère, Marguerite de Pomairols au château de Ginals, près de Villeneuve-d’Aveyron. Alors que la famille de Pomairols possède une maison place de la Fontaine à Villefranche, elle ne quitte pas le château de Ginals pendant la période révolutionnaire, où elle reçoit une éducation traditionnelle : foi catholique, obéissance, charité.
L’engagement catholique (1805-1816)
En 1804, Emilie choisit de devenir religieuse.
En 1805, elle s’installe dans la maison qu’Alexis Pié loue depuis 1801 à madame Castanet d’Armagnac, ancienne ursuline dont le nom en religion est madame Saint-Cyr. Là, au 11 de l’actuelle rue Mailhes, sont hébergées des religieuses chassées de leurs couvents, parmi lesquelles se trouve la grand-tante d’Emilie, une ci-devant visitandine. Toutes ces enseignantes ont ouvert une école payante pour jeunes filles.
Pendant quelques temps, Emilie cherche sa voie en religion entre les Carmélites de Montauban, les dames de Nevers à Figeac, les religieuses de l’Adoration perpétuelle à Cahors, et celles de la Miséricorde à Moissac.
C’est le père Antoine Marty (1757-1835) qui ouvre à Emilie la voie de l’enseignement. Directeur spirituel de la maison Saint-Cyr, il a fondé en 1805 une école ecclésiastique pour jeunes garçons, rue de la Boudoumie, où les frères d’Emilie sont pensionnaires.
Pendant une douzaine d’années, Emilie est formée par le père Antoine Marty en vue d’ouvrir une école ecclésiastique pour jeunes filles. Il guidera sa vie spirituelle jusqu’à son décès en 1835, alors qu’il est devenu vicaire général du diocèse de Rodez depuis 1825.
L’institurice des jeunes filles pauvres (1816-1852)
Le 3 mai 1816, dans la maison Alric, qui donne aujourd’hui sur la place Bernard-Lhez, Emilie ouvre sa première école gratuite pour jeunes filles, avec l’aide d’Ursule Delbreil, Marie Boutaric et Eléonore Dutriac.
Les religieuses ayant quitté la maison Pié de la rue Mailhes, elle y installe sa nouvelle école en juin 1817.
En juin 1819, Emilie devient propriétaire de l’ancien couvent des Cordeliers, aujourd’hui rue du Sergent-Bories, où elle installe sa Congrégation appelée à l’époque les Ursulines de Saint-Joseph. Car c’est en 1822 qu’elle choisit le nom de Congrégation de la Sainte-Famille.
Face à la pauvreté des adultes et à l’absence d’école pour les enfants, les soeurs de la Sainte-Famille créent dès 1822 une maison à Aubin. En 1834, la demande sociale est telle qu’il faut fonder une communauté non-cloîtrée à Vialarels pour instruire les filles des mineurs de Decazeville.
A Villefranche Emilie de Rodat ouvre en 1841, derrière l’actuel théâtre municipal, la salle d’asile Saint-Vincent pour les tout-petits, avec l’appui de Vincent Cibiel.
La mère Emilie crée en 1845, dans l’actuelle rue Emilie-de-Rodat, le refuge du Bon-Pasteur pour accueillir les mères isolées.
En 1850, elle aide à la fondation du Carmel de Villefranche.
Emilie de Rodat décède le 19 septembre 1852 dans la maison-mère de la Sainte-Famille. Ses obsèques sont célébrées dans l’église paroissiale Saint-Joseph de Villefranche le 20 septembre 1852.
A la mort de sa fondatrice, la Congrégation de la Sainte-Famille compte 300 religieuses, 5 maisons cloîtrées, 30 non-cloîtrées, un refuge, 8 salles d’asile, et environ 7000 jeunes filles scolarisées.
La Sainte-Famille après sainte Emilie
Dans les années 1870, l’ancien couvent villefranchois de Sainte-Claire est devenu le noviciat de la Congrégation. Après les lois laïques de 1901-1905, la Congrégation a déployé son action à l’étranger, sans abandonner Villefranche où elle ouvre l’école Jeanne d’Arc (1905), et accompagne le docteur Pechdo dans la création de la clinique Saint-Alain (1928).
Béatifiée le 9 juin 1940, Emilie de Rodat a été canonisée le 23 avril 1950. La chapelle, construite à côté de la crypte où elle repose, a été inaugurée en 1958.
La Sainte-Famille a été pendant plus d’un siècle une congrégation unique dans l’Eglise catholique puisque, jusqu’au concile de Vatican II, elle réunissait des religieuses cloîtrées, consacrées à la prière, et des religieuses séculières, vouées à l’action sociale et à l’éducation.
Lire notre article sur la chapelle Sainte-Emilie-de-Rodat et sa crypte
Voir aussi le site internet de la congrégation de la Sainte-Famille