Villefranchois célèbres|

Poète, romancier et critique, Charles de Pomairols est né le 23 janvier 1843 place Notre-Dame et mort aux Pesquiès (hameau de Villefranche) le 24 janvier 1916. Il fut l’un des grands littéraires de la fin du XIXème siècle, épris d’idéalisme platonicien autant que de mysticisme germanique.

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Descendant des Pomairols, grande famille de consuls villefranchois, grand ami de Hérédia, refusé face à Bergson à l’Académie française (1914), grand spécialiste de Lamartine, il tenait salon à Paris où il recevait des écrivains tels que Mauriac.

Charles de Pomairols était à la tête de l’École spiritualiste qui décernait un prix de littérature chaque année.

Gentilhomme terrien, poète et penseur, contemplatif, admirateur très informé et disciple de Lamartine, Pomairols n’ignorait pas que la poésie transfigure le monde visible.

Par la noblesse et la pureté, Pomairols atteignit une poésie tour à tour familière, lyrique et mystique. Prosateur, il restait un inspiré, soulevé par le spiritualisme.

Biographie de Charles de Pomairols

Charles de Pomairols est né dans le vieil hôtel familial non loin de la place Notre-Dame. Il appartenait à une famille noble et aisée, aux mœurs raffinées, qui s’honorait d’un riche passé.

Au cours des siècles, la famille de Pomairols – des nobles d’épée – avait exercé sur la région de Villefranche-de-Rouergue un grand rôle social et administratif.

Le grand-père de Charles, Melchior Charles Dominique de Pomairols (1760-1812), ancien mousquetaire du Roi, émigra en Allemagne au cours de la Révolution française. Cet évènement expliquera le penchant de la famille pour la culture allemande.

Le père de Charles, Jean-César de Pomairols-Pujol (1805-1873), licencié en droit, est né à Mannheim, chez ses grands-parents Schulten. Il était propriétaire du château de Toulonjac, près de Villefranche et, comme maire, devait présider aux destinées de Toulonjac durant 40 ans.

A Toulonjac, Charles de Pomairols apprit à écrire. En octobre 1850, à l’âge de sept ans, il fut placé au collège de Villefranche, puis en 1854, entra à l’Institution de Graves, dans un des châteaux de sa famille.

En octobre 1857, il fut envoyé en classe de seconde au Lycée impérial de Toulouse (Pierre de Fermât) où il choisit la section littéraire.

En 1860, à la fin de la classe de rhétorique, il obtint le Prix d’Honneur et une médaille d’honneur. Il poursuivit à la Faculté de Droit et accomplit un grand voyage en Europe.

Il se rendit à Paris en février 1863 pour y poursuivre sa seconde année de droit, tout en s’intéressant de plus en plus à la poésie, à la peinture et à la philosophie.

Il assista aux cours de la Sorbonne et se lia d’amitié avec Michel Bréal. Il s’intéressa à la métaphysique germanique, et obtint une licence de philosophie en Allemagne. Entré à l’Université de Berlin en octobre 1867, il étudie aux cotés de Gabriel Monod.

Le spiritualisme de Charles de Pomairols

La vie spirituelle fascine Charles : “Etre le plus possible une âme et le moins possible un corps, prendre pour devise le sursum corda (élevons les cœurs).”

A l’écart du naturalisme, Pomairols rejetait la vie des sens au point d’écrire plus tard :

Mon spiritualisme, c’est la persuasion que l’homme doit cultiver en lui les sentiments de l’âme et réduire autant que possible les sensations du corps. Un sentiment est bien supérieur en qualité, en essence, à une sensation.

La poésie

En 1868, Pomairols revint à Toulonjac et épousa Marguerite Dissez, qui habitait le château des Pesquiés.

Il se mit à la poésie.

Le jeune ménage s’installa au château de La Pèze (Savignac, photo ci-contre), appartenant aux Pomairols. Le lieu était propice à la poésie. La mythologie grecque inspira Charles un certain temps, sous l’influence d’André Chénier, de Maurice de Guérin et de Michel Bréal.

Charles de Pomairols allait devenir le poète du foyer, de la famille et de la terre.

C’est un très grand honneur de posséder un champ.

C’est alors qu’intervint la mort de sa fille Léontine (“Lili”) à l’âge de 13 ans, terrible épreuve.

Il composa alors Pour l’Enfant (1904), un volume de plus de trois cents pages contenant deux cents poèmes, les plus touchants, les mieux venus de toute son œuvre.

Pour tromper par l’amour le destin illusoire,
Pour t’apporter encor le don de ce que j’ai,
M’élançant de l’abîme où mon cœur est plongé,
Aussi haut que je peux, je dresse ta mémoire.

Et je voue à ton deuil ces longs et tristes vers
Dont l’ombre, indifférente au sourire des rosés,
S’élève pour marquer la place où tu reposes,
Comme un bois de cyprès seuls dans les noirs hivers.

Charles de Pomairols a composé six recueils de vers sur une trentaine d’années :

  • La Vie meilleure (1879, couronné par l’Académie française).
  • Rêves et Pensées (1881).
  • La Nature et l’Ame (1885).
  • Regards intimes (1887, couronné par l’Académie française).
  • Pour l’Enfant (1904).
  • Poèmes choisis – Préface de Maurice Barrés (1913).

Pour combattre le naturalisme et détourner les esprits du sensualisme, Charles de Pomairols écrivit deux romans d’intention moralisatrice : Ascension (1910) et Le Repentir (1912).

Ces romans confinaient au mysticisme. Situés dans une atmosphère d’une transparence idéale, ils procédaient d’une inspiration élevée et confiante dans les destinées éternelles.

Pomairols était un lamartinien déclaré. II écrivit un important livre de critique sur Lamartine paru en 1889.

Pomairols publia également Seize lettres inédites de Mme de Staël et une étude sur Emile Pouvillon et son œuvre. Il a laissé un Journal intime, manuscrit.

Le Comité de lecture spiritualiste et le salon parisien

Au nom de la doctrine idéaliste, et afin de s’opposer à l’immoralisme qui commençait à poindre dans certaines productions littéraires de l’époque, Pomairols fonda avec la Toulousaine Claire Virenque un Comité de littérature spiritualiste qui devait décerner deux prix annuels (vers et prose).

Comme il fallait créer un foyer à ce mouvement, M. et Mme de Pomairols ouvrirent en 1909 un salon littéraire, 53 rue Saint-Dominique, à Paris.

Cette période de sa vie fut très active. Une brillante société mondaine fréquenta ce salon où de nombreux littérateurs se réunissaient et prenaient la parole.

On y rencontrait le Montalbanais Emile Pouvillon, François Coppée, Maurice Barrés, Paul Bourget, José-Maria de Heredia, des Rouergats comme Bernard Combes de Patris, jeune et déjà fidèle ami des Pomairols, et aussi des Toulousains : Armand Praviel, Raymond Lizop, Pierre Fons et Joseph Rozès de Brousse.

Le refus de l’Académie française

Par trois fois candidat malheureux à l’Académie française (en 1908, 1909 et 1914) Charles de Pomairols, renonça à sa candidature.

Très affecté par le décès de son gendre, Marcel Jayr, capitaine de réserve, en 1914, le poète se retira chez sa femme, aux Pesquiès, où il mourut le 20 janvier 1916, à l’âge de soixante-treize ans.

Charles de Pomairols laissera l’image d’un érudit sensible, généreux et charitable. A Villefranche, sur la place Saint-Jean, son buste rappelle aux passants l’importance de sa pensée et de son oeuvre.

Le texte ci-dessus est un résumé de la thèse d’Henry Gource d’Orval (Charles de Pomairols, Lamartine et Édouard Schuré, faculté des Lettres de Toulouse, 1970).

Pour en savoir plus sur Villefranche-de-Rouergue, son patrimoine et son histoire :

Société des Amis de Villefranche et du Bas-Rouergue
amisvbr {@} gmail.com
www.amis-villefranche.fr
09 67 56 70 10
Permanences le mercredi de 15h00 à 17h00 à la Maison des Sociétés, place Bernard-Lhez

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