Une série Netflix tournée à Villefranche-de-Rouergue : surprenant, non ?
Encore plus étonnant quand on sait que l’histoire est sensée se passer à Saint-Malo : en effet, la série est adaptée du roman d’Anthony Doerr All The Light We Cannot See (Toute la lumière que nous ne pouvons voir, prix Pulitzer 2015) qui raconte les destins croisés de deux adolescents, une Française et un Allemand, avec pour décor la cité malouine sous l’Occupation.
Mais alors, pourquoi Villefranche-de-Rouergue ?
La genèse du projet et la question du lieu de tournage
En 2021, la plateforme Netflix annonce son projet d’adapter le best-seller : la série comportera 4 épisodes réalisés par Shawn Levy.
Pour le réalisateur et son équipe, il ne fait aucun doute que la série devra être tournée à Saint-Malo.
Mais la cité corsaire ne dispose plus aujourd’hui de son centre ancien, totalement détruit par les bombardements de la Seconde guerre mondiale. Tourner la totalité du film à Saint-Malo nécessiterait un énorme travail d’adaptation des bâtiments et des rues afin de retrouver l’esprit d’antan.
L’équipe se met alors en quête d’une autre ville bretonne. Après des semaines de recherche et de repérage, il faut se rendre à l’évidence : aucun centre-ville ne ressemble à ce que pouvait être Saint-Malo avant 1944. Aucun ne possède la même architecture compacte, les mêmes bâtiments hauts, les mêmes rues étroites.
Shawn Levy envisage alors d’étendre les recherches à la France entière. C’est alors que Simon Elliott, son directeur artistique, a une idée.
Simon Elliott et le souvenir de Villefranche-de-Rouergue
Simon Elliott est un personnage clé dans la création de la série All The Light We Cannot See. Le réalisateur Shawn Levy l’a choisi pour son art de la reconstitution historique (il a été chef décorateur pour La voleuse de livres et La Dame de fer, entre autres).
Or Simon Elliott se souvient qu’il avait mangé, il y a environ 15 ans, sur une place pittoresque du sud-ouest de la France : une cité qui pourrait correspondre au type de ville recherché.
Il finit par retrouver son nom : Villefranche-de-Rouergue.
Avec l’aide de Peninsula Film (société d’organisation de production cinématographique), des repérages sont effectués dès novembre 2021. Un constat s’impose : l’urbanisme de Villefranche correspond étonnamment à celui de Saint-Malo avant-guerre.
La place de la Fontaine, la place Notre-Dame, le porche de la Collégiale, certaines rues pavées et carrefours piétonniers pourraient très bien faire office de décor pour la série.
On connaît la suite : les négociations avec la mairie, la longue phase de préparation et finalement, un tournage dans les rues de la bastide du 5 au 20 juillet 2022, avec pour point d’orgue une grande scène de Libération sur la place Notre-Dame.
La municipalité reconnaissante envers Simon Elliott
Le 20 juillet 2022, la municipalité invite l’ensemble des équipes de production pour un vin d’honneur dans les jardins de l’hôtel de ville. Le tournage vient de se terminer, la pression retombe.
Sont notamment présents : Scott Elias (co-producteur de la série), John Bernard (directeur de Peninsula Film), Karim Ghiyati (directeur d’Occitanie Films) et bien sûr Simon Elliott, l’homme par qui tout est arrivé.
Après avoir remercié l’ensemble des parties prenantes, le maire Jean-Sébastien Orcibal tend le micro à Simon Elliott, qui revient sur son lien particulier avec Villefranche-de-Rouergue :
Je m’étais arrêté à Villefranche-de-Rouergue avec mon épouse, il y a plus de 15 ans. Je me souviens de ce restaurant sous les arcades. Il y avait cette atmosphère… Je revois la grande place. Ce souvenir reste très présent en moi, sans doute parce qu’entre temps j’ai perdu ma femme. Villefranche-de-Rouergue restera pour toujours gravée dans mon coeur.
Et le maire Jean-Sébastien Orcibal de lui remettre la médaille de la ville sous les applaudissements émus de l’assistance, avant de lui donner l’accolade.
Villefranche-de-Rouergue doit beaucoup à Simon Elliott, un grand professionnel du cinéma, un artiste, un amoureux de notre pays, et surtout, un homme simple et sincère.
Lire aussi : All The Light We Cannot See, les coulisses du tournage à Villefranche-de-Rouergue.
