Le 30 août 1858, la ligne de chemin de fer de Montauban à Capdenac, desservant Villefranche-de-Rouergue, était inaugurée. Villefranche entrait définitivement dans la modernité.
Retour sur la genèse de cette révolution ferroviaire.
Premiers projets.
Au début du XIXème siècle, le chemin de fer s’établit en priorité dans les régions industrielles et dans celles où l’activité commerciale est forte. La construction des lignes, essentiellement tournées vers Paris, est confiée à des sociétés concessionnaires, réunies en grandes compagnies.
Dès 1842, un premier projet de ligne Paris-Toulouse traversant Villefranche-de-Rouergue est envisagé.
Remis à l’étude en 1852, ce projet qui ouvrait des débouchés au bassin houiller de Decazeville et Aubin, promettait en outre de favoriser l’industrie et le commerce de toute la région.
Mais cet avant-projet ne donne pas satisfaction au conseil municipal de l’époque car Villefranche n’est pas desservie par le tracé, qui passe à Farrou et aux Imberts. Les élus souhaitent en effet l’arrivée du train au cœur de la ville, l’occasion d’intensifier l’exploitation des minerais de cuivre et de plomb argentifères de Villefranche et de Najac, ainsi que des minerais de fer de Combenègre. L’occasion aussi d’offrir des débouchés supplémentaires aux usines à papier fonctionnant sur le cours de l’Aveyron.
Villefranche-de-Rouergue obtient satisfaction. La ville est alors assurée de devenir un carrefour commercial important où pourront transiter les divers produits des contrées limitrophes non desservies.
Le 30 mars 1853, une convention est signée par laquelle l’Etat concède “la ligne de Montauban à la rivière du Lot” (avec embranchement sur Marcillac) aux propriétaires de la toute nouvelle compagnie du Grand-Central, société de chemins de fer qui s’attache à desservir tout le territoire du Massif central. Cette compagnie sera reprise en 1857-1858 par la compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans, l’une des six grandes compagnies ferroviaires privées.
La question de l’aménagement urbain.
La municipalité de Villefranche envisage d’abord de faire passer le train sous la montagne de Penevayre par un tunnel de 400 mètres pour déboucher sur la place de la Liberté et la promenade du Petit-Languedoc où pourrait être construite la gare.
Un autre projet prévoit de l’établir dans la plaine de la Boudoumie. Finalement, on opte pour le faubourg du pont. La voie passera par les vallées de l’Alzou et de l’Aveyron.
Les travaux de la voie ferrée commencent dans les premiers mois de 1854 et dureront près de 4 ans.
La construction de la ligne Montauban à Capdenac est confiée à l’ingénieur des Ponts & Chaussées Cousin, qui sera plus tard remplacé par Ferrand.
La ligne nécessite de considérables travaux de terrassement ainsi que la construction de 26 tunnels et de 27 ponts. Pourtant, les travaux avancent rapidement.
Une première gare provisoire en bois est construite à Villefranche, et la ligne est inaugurée le 30 août 1858.
Le passage du train à vapeur à Villefranche-de-Rouergue offre une période de prospérité et d’échanges commerciaux mais cela ouvre aussi la voie à la concurrence de produits “étrangers”. Le nœud de communication routière et commercial établi sur la place Jean Jaurès est désormais concurrencé par le faubourg du pont, largement dynamisé par le chemin de fer.
La gare actuelle, achevée fin 1858, est un modèle amélioré de la station standard de 1ère classe de la Compagnie Paris-Orléans.
En parallèle, on notera le rôle important que la famille Cibiel de Villefranche a joué dans l’épopée du chemin de fer français au XIXème siècle.