Patrimoine, Souvenirs et anecdotes|

A l’extrémité du chemin du Mespoul, tout près de l’ancien gué de la Madeleine qui a permis aux hommes de franchir l’Aveyron durant près de 2000 ans, un monument se dresse : une stèle en forme de croix potencée, accompagnée d’une plaque explicative.

Ce lieu commémore la mort de Jean Salesses et salue le rôle des mouvements scouts et éclaireurs dans la formation de la jeunesse à travers le temps et l’Histoire, au-delà de toute connotation cultuelle et religieuse.

Nous sommes ici sur le sentier des Patrimoines, qui suit les berges de l’Aveyron.

Le drame du 7 juillet 1949

Jean Salesses, chef scout du Groupe Guynemer, est mort accidentellement d’une chute le jeudi 7 juillet 1949 lors d’une sortie scoute.

Cet évènement a suscité une grande émotion liée à la brutalité de la tragédie, au charisme de Jean Salesses et à la nature de l’évènement : la mort d’un chef scout dans l’exercice de ses fonctions.

Jean Salesses est né à Pradinas (Aveyron) en 1923. Il entre au juvénat de Notre-Dame de Treize-Pierre et s’engage dans la congrégation des Clercs de Saint-Viateur, orientée vers l’éducation des enfants et des jeunes. En 1949 au moment de sa mort, il était professeur au centre de Treize-Pierres, et chef de troupe scoute du groupe Guynemer.

Ceux qui l’ont côtoyé ont gardé de lui l’image d’un éducateur et d’un chef rayonnant, engagé dans une noble cause. Il écrivait dans son journal intime : “être prêt à donner son temps, ses forces, sa vie et s’il le faut, tout son sang pour chacun de ses petits.”

Un premier lieu de recueillement

Un monument a d’abord été érigé sur les lieux du drame, dans les “gorges de Morlhon”, au lieu-dit du Martinet des Canals, sur le site actuel de la carrière Cayla.

Il représente une croix potencée, symbole des Scouts-de-France, dont le groupe a été créé en 1929 à Villefranche-de-Rouergue.

Le souvenir de ce drame et de ce lieu a été entretenu tant par les scouts (c’était un lieu de sortie) que par les frères de Saint-Viateur.

Au moment de l’extension de la carrière dans les années 2010, le monument a été démonté et stocké dans les ateliers des établissements Cayla. Après exploitation de la pierre, le site lui-même n’existe plus.

Situation originale du monument, photo du 11 nov 2003 avant l’extension de la carrière

La réimplantation de la stèle Jean Salesses

En 2017, quelques temps avant le 70ème anniversaire du drame, un groupe informel d’anciens Scouts et Guides de France, associés aux Clercs de Saint-Viateur s’est constitué pour que ce monument soit réhabilité.

Une demande a été faite en 2018 auprès du maire de Villefranche-de-Rouergue. En 2019, la stèle a été réimplantée sur le chemin des Patrimoines à proximité de la rivière Aveyron à l’extrémité du chemin du Mespoul.

En 2021, un aménagement paysager a été réalisé et un pupitre explicatif a été installé. Le monument a été inauguré le 2 octobre 2021.

La plaque commémorative Jean Salesses

Voici une reproduction de la plaque explicative :

Stèle croix jean salesses villefranche-de-rouergue

Ci-dessous, une photo prise lors de l’inauguration de la plaque et du monument :

Inauguration stèle Jean Salesses par Jean-Sébastien Orcibal
Le Maire de Villefranche, Jean-Sébastien Orcibal, inaugure la stèle Jean Salesses

Le mouvement des scouts, guides et éclaireurs

Fondé en 1907 par Baden-Powell, le mouvement repose sur trois principes fondateurs symbolisés par le salut scout avec les trois doigts levés : devoir spirituel, devoir envers les autres, devoir envers soi-même.

Le pouce sur le petit doigt signifie que le fort protège le faible.

La pédagogie scoute s’appuie sur l’apprentissage par l’action et le jeu, la vie en plein air et au contact de la Nature, la vie en groupe d’une même tranche d’âge (les louveteaux et jeannettes 7-12 ans, les guides et éclaireurs 12-17 ans, les routiers et guides-aînés 17-21 ans), la vie en patrouilles de 6 personnes, et enfin la promesse et la loi scoute.

Le mouvement scout mondial rassemble aujourd’hui plus de 50 millions de personnes à travers le monde. Il a pour emblème une fleur de lys stylisée. Indiquant le nord dans les anciennes cartes géographiques, celle-ci rappelle que les scouts doivent garder le cap des idéaux du scoutisme.

Le scoutisme à Villefranche-de-Rouergue

A Villefranche-de-Rouergue, le scoutisme est né en 1929 avec la création du groupe Guynemer en hommage à ce pilote de chasse surnommé l’As des As, mort au combat pendant la guerre 1914-1918. Les couleurs du foulard sont le rouge et le noir.

La branche féminine, les guides de France, est à son tour créée en 1938 sous le vocable de Notre-Dame de France.

Puis la guerre arrive… Interdit par l’occupant, le scoutisme devient clandestin. Des scouts et routiers rejoignent le maquis Duguesclin à Prévinquières.

En 1948, le groupe scout se reconstitue sous l’impulsion de Jean Salesses et des Frères de Saint-Viateur.

En 1952, Nicolas Greschny décore de fresques la chapelle de la congrégation sur le site de Treize-Pierres.

Par la suite, plusieurs chefs de groupe ont maintenu jusqu’à nos jours la flamme scoute. Leurs activités ont marqué plusieurs générations de jeunes Villefranchois.

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