Histoire, Souvenirs et anecdotes|

L’arrestation du résistant André Malraux eut lieu le 22 juillet 1944 à Gramat (Lot).

Il est transféré à la prison Saint-Michel de Toulouse, en faisant une halte à Villefranche-de-Rouergue.

L’Espoir

Le jeune écrivain avait déjà repéré quelques années plus tôt la place Notre-Dame, dans cette bastide rouergate, pour son film L’Espoir : une place montante à couverts, liée à l’image hispanique des cités andalouses.

C’est en 1939 que le tournage de certaines scènes eut lieu à Villefranche : son équipe fuyait Barcelone prise par les nationalistes.

Pour rappel, André Malraux était engagé dans les Brigades internationales. Il écrit L’Espoir en 1937 sur le champ de bataille de la guerre d’Espagne. En 1939, il adapte son propre roman et réalise le film Espoir, Sierra de Teruel, dont certaines scènes sont donc tournées à Villefranche.

En effet, lorsque Barcelone tombe aux mains de Franco en janvier 1939, un nombre considérable des scènes prévues (11 sur 39) restait à tourner. De retour en France, Malraux termine le film à Joinville et à Villefranche-de-Rouergue, dont la place Notre-Dame devient pour l’occasion celle de Linás.

André Malraux prisonnier de passage à Villefranche-de-Rouergue

On n’a peut-être pas assez souligné le passage de Malraux en Aveyron, prisonnier de la 11ème Panzer Division de la Wehrmacht.

Voici un extrait de ses Antimémoires :

À Villefranche-de-Rouergue, dont je reconnus l’église presque espagnole qui m’avait servie de décor pour quelques scènes de L’Espoir, la colonne s’arrêta pour la nuit. On me logea au couvent. Dès que je fus couché, la supérieure m’apporta du café. Elle n’avait pas plus de quarante ans et elle était belle. Au passage, elle sourit au soldat qui me gardait, d’un sourire inaccessible.

Malraux demanda à la supérieure l’Évangile selon Saint Jean.

Quelle attitude doit-il opter face à la mort ? “Je suis agnostique. Il faut bien être quelque chose”, dira-t-il plus tard à Pierre Bockel, ancien aumônier de la brigade Alsace-Lorraine.

Au petit matin, les religieuses dominicaines de Villefranche l’entendirent murmurer : “Tout se passera bien. J’ai confiance !” Affirmation prémonitoire : le défi lancé au destin tourna nettement à son avantage. Sauvé in extremis du peloton d’exécution à Gramat, étonné de retrouver son dossier interverti avec celui de son frère Roland, à la prison Saint-Michel, le colonel Berger (nom de résistance de Malraux), enfermé dans la cellule 32, échappera au supplice de la baignoire parce que vibrera l’élan de la Libération de Toulouse, quelques heures avant l’improbable entrevue avec la Gestapo, rendez-vous annulé par les hasards de l’Histoire.

Bien qu’André Malraux soit entré dans le grand hiver d’outre-tombe depuis quarante ans, ses accents romantiques liés à une noble idée de la France tracent un sillon mémorable pour la jeunesse d’aujourd’hui.

Malraux se retrouva libre le 19 août 1944. Sa sépulture au Panthéon de Paris en 1996.

Texte Michel Palis complété par Jean-Marie Bugarel

Pour en savoir plus sur Villefranche-de-Rouergue, son patrimoine et son histoire :

Société des Amis de Villefranche et du Bas-Rouergue
amisvbr {@} gmail.com
www.amis-villefranche.fr
09 67 56 70 10
Permanences le mercredi de 15h00 à 17h00 à la Maison des Sociétés, place Bernard-Lhez

Voir aussi les Archives municipales

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