INFO : Lancement de la série le 2 novembre 2023. Voir la bande-annonce au bas de cet article.
En février 2022, après une phase de négociation avec les représentants de Netflix, le Maire Jean-Sébastien Orcibal donne son accord pour que les principales scènes de la série All The Light We Cannot See (Toute la lumière que nous ne pouvons voir) soit tournées dans le centre-ville de Villefranche-de-Rouergue.
Une formidable opportunité pour la cité occitane, car la série promet d’être un produit haut-de-gamme de la plateforme Netflix, avec un casting de rêve et des moyens considérables.
Retour détaillé sur un tournage qui a profondément transformé Villefranche-de-Rouergue.
All The Light We Cannot See : à l’origine du projet
En septembre 2021, la plateforme Netflix annonce son projet d’adapter le best-seller All The Light We Cannot See d’Anthony Doerr (prix Pulitzer 2015, près de 20 millions d’exemplaires vendus dans le monde), pour une sortie prévue en 2023 sous forme de mini-série de quatre épisodes.
Les droits ont en effet été acquis par Netflix et Shawn Levy, le directeur de la société de production 21 Laps Entertainment, réalisateur de nombreux films et séries à succès. Quant au scénario, il est confié au britannique Steven Knight.
Pour le réalisateur Shawn Levy, se pose alors la question des lieux de tournage. Si l’histoire se passe à Saint-Malo durant l’Occupation, la ville bretonne ne dispose plus aujourd’hui de son centre ancien, totalement détruit à la fin de la Seconde guerre mondiale. Certaines scènes peuvent être tournées sur les remparts, mais il est urgent de trouver une autre ville pour les scènes de rue.
Avec l’aide de Peninsula Film (société d’organisation de production cinématographique), la production se met donc en quête d’une ville française typique des années 1940, disposant de bâtiments élevés, de rues étroites et d’une église avançant sur une place. Les recherches sont élargies à l’ensemble de la Bretagne mais aucune ville ne donne satisfaction.
C’est alors que le Chef décorateur Simon Elliott repense à une petite ville du Sud de la France qu’il a visitée un été avec sa femme. Une recherche sur internet lui permet de la retrouver : c’est Villefranche-de-Rouergue.
Après plusieurs repérages entre novembre 2021 et février 2022, les producteurs sont conquis par Villefranche, ses rues étroites, ses places et son urbanisme compact qui rappelle le Saint-Malo d’autrefois. Ils décident de formuler une demande de tournage officielle auprès de la mairie de Villefranche, par l’entremise d’Occitanie films.
Les premiers contacts sont encourageants. Les producteurs apprécient l’esprit d’ouverture de la municipalité et sa capacité à proposer des espaces intérieurs et extérieurs suffisamment vastes pour abriter la logistique, l’administration (finances, comptabilité, RH), la technique, mais aussi les lieux de fabrication et de stockage des décors.
Car cette superproduction nécessitera des milliers de mètres carrés et mobilisera près de 300 travailleurs durant plusieurs semaines.
De son côté, la municipalité mesure l’enjeu en terme de retombées financières mais aussi en terme d’image et de notoriété.
La phase de préparation
L’accord entre Netflix et la mairie de Villefranche-de-Rouergue lance un véritable compte-à-rebours : tout doit être prêt pour un début de tournage en juillet 2022.
Dès le mois de mars, la production réserve l’ensemble des hébergements encore disponibles pour les travailleurs qui vont bientôt affluer.
En parallèle, Peninsula Film entame un long travail de négociation avec les habitants et les commerçants concernés par les lieux de tournage, ici pour obtenir le droit de repeindre une façade, là pour transformer une vitrine, avec promesse de remise en état après le tournage et indemnités financières en cas de chute d’activité.
En avril, un grand casting de figurants est lancé : 500 personnes (de 6 à 75 ans) sont recherchées pour jouer les habitants de Saint-Malo mais aussi les soldats allemands et américains (lire cet article).
Les candidats sont auditionnés dans les anciens locaux de Star Jouet (arcades de l’hôpital Saint-Martial) : la file s’étire. Le casting se termine officiellement le 23 avril 2022.
En mai, les équipes administratives s’installent à Villefranche. Entre temps, la mairie a mis à disposition les lieux promis :
- le musée (alors en travaux) pour la technique,
- les locaux de l’ancienne CPAM pour la partie administrative,
- plusieurs locaux libres en centre-ville, au plus près des lieux de tournage,
- et surtout, les locaux de l’ancienne usine Blanc aéro (Lisi aerospace) pour la fabrication des vêtements et des décors : les 7000 mètres carrés du bâtiment seront intégralement mis à profit.
En juin, c’est un formidable spectacle qui se présente aux yeux des Villefranchois : une centaine de décorateurs s’active pour la construction des décors de rue. Des dizaines de vitrines de commerces sont transformées ou recréées selon le style des années 1940 : c’est le cas rue Montlauzeur, arcades Reyniès, arcades Alphonse de Poitiers, rue Saint-Jacques, rue Prestat, rue Bories et sur la totalité de la place de la Fontaine, dont certaines façades ont été repeintes et ornées de publicités d’autrefois.
Partout, des enseignes d’antan sont installées : ici un teinturier, là un tailleur, un salon de coiffure, un marchand de légumes, une fromagerie, une mercerie, un luthier, une confiserie ou encore un vendeur de charbon…
Puis c’est l’intérieur de certaines boutiques qui est aménagé avec des accessoires et des meubles anciens. Certains de ces merveilleux décors sont encore visibles aujourd’hui.
Voici quelques photos des décors :
Début juillet 2022, les travaux sont terminés et les couturières mettent la touche finale aux costumes. Les équipes de tournage et de réalisation sont au complet.
Shawn Levy, le célèbre réalisateur, débarque à Villefranche : les choses sérieuses peuvent commencer.
Le tournage : Villefranche à l’heure américaine
Le tournage de “Toute la lumière que nous ne pouvons voir” démarre le mardi 5 juillet 2022 et est prévu pour durer jusqu’au 20 juillet. Le temps est clément et le restera jusqu’au dernier jour. Il a fait chaud même, jusqu’à 37°C ; heureusement, un nombre non négligeable de scènes sont tournées en soirée ou de nuit.
Le tournage est marqué par le passage des acteurs Mark Ruffalo et Hugh Laurie (le célèbre Dr House, ci-contre avec une longue barbe), ce dernier ayant été vu sur une magnifique moto New Map.
Toutefois, les rôles principaux ont été attribués à deux acteurs moins connus mais prometteurs : Aria Mia Loberti (Marie-Laure) et Louis Hofmann (Werner).
Après les scènes de rue, ce sont les scènes de destruction qui sont tournées, avec d’impressionnants décors de gravats rue Notre-Dame et rue Prestat, des véhicules en feu ainsi que l’intervention d’un véhicule de pompiers de l’époque.
Le 13 juillet, un carrousel est incendié place Notre-Dame : Saint-Malo semble crouler sous les bombes.
Le 20 juillet, c’est une incroyable scène de Libération qui est tournée : 300 figurants sont mobilisés pour l’occasion, dansant, chantant, s’embrassant. Un char et des véhicules américains traversent la place Notre-Dame, dans un décor de ruines.
Quelques photos du tournage (Crédits : Sarah Prata) :
Et quelques photos fournies par Netflix (Crédits : NETFLIX/Doane Gregory) :
L’ambiance sur le tournage et l’accueil de la population
Le tournage de la série Netflix All The Light We Cannot See (Toute la lumière que nous ne pouvons voir) a grandement impacté la vie des Villefranchois, cela durant plusieurs semaines.
D’abord, ce furent les questionnements et inquiétudes : avec les rues bloquées, va-t-on pouvoir se garer ? les commerces alentour ne vont-ils pas voir leur chiffre d’affaires s’écrouler ? le tournage ne va-t-il pas gêner le marché du jeudi et impacter la saison touristique ?
Mais avec l’installation des premiers décors, le regard des Villefranchois change. Et pour cause, le coeur de ville devient un musée à ciel ouvert, et cela commence à se savoir : on vient de loin pour admirer les décors de boutiques années 1940.
En parallèle, la production rassure l’ensemble des commerçants du coeur de ville, y compris ceux qui ne sont pas sur les lieux de tournage : des indemnisations sont prévues et les marchés pourront se tenir comme d’habitude. La production joue aussi le jeu en s’approvisionnant localement.
Tous les jours, ce sont des centaines de travailleurs qui consomment dans les commerces de la ville. Les figurants sont quant à eux rémunérés 85 € par jour. Les hébergements sont pleins. Les touristes affluent. Au final, les retombées économiques sont énormes.
Une ambiance mémorable
Place Bernard-Lhez, semi-remorques et barnums se superposent. Certains véhicules font office de loge pour les acteurs. A midi, le “catering” (restauration des équipes) dépote ses plats à tout va. Le restaurant d’à côté, l’Estaminet, est systématiquement plein.
Sur le tour de ville, comme dans toute la cité d’ailleurs, de nombreux espaces sont réservés aux besoins de la production : on y stationne du matériel cinématographique, des engins de levage et des véhicules d’époque.
Les câbles s’allongent sur les trottoirs. La curiosité n’étant pas toujours un vilain défaut, les Villefranchois viennent, circulent et se réapproprient leur bastide, devenue une véritable fourmilière.
Les plus anciens retrouvent leurs souvenirs en regardant les vitrines d’antan, plus vraies que nature.
Et les habitants de s’émerveiller devant tout ce travail, cette organisation, et d’apprécier la gentillesse des équipes, du vigile aux producteurs, en passant par les décorateurs, les acteurs et les techniciens.
Le plus incroyable est que la cohabitation a réussi à fonctionner : les Villefranchois du centre-ville ont vécu directement sur le plateau de cinéma ; pourtant ils ont pu mener leurs activités presque normalement, tout en profitant du spectacle.
Ce tour de force organisationnel, personne ne l’avait cru possible. En quelques minutes, la production est capable de bloquer une rue, d’installer les décors et le matériel et de lancer le tournage. Deux heures plus tard, tout est remis en état, et la vie peut reprendre.
Voilà l’ambiance qui a imprégné Villefranche-de-Rouergue durant quelques semaines, et qui, mêlée à celle de l’été, celle des marchés et du 14 juillet, laissera à beaucoup un souvenir impérissable.
Après le tournage de “Toute la lumière que nous ne pouvons voir”
Après le tournage, la municipalité a obtenu que la plupart des décors restent en place : il est donc toujours possible de venir les visiter, notamment autour de la place Notre-Dame et place de la Fontaine.
Cliquez ci-après pour télécharger le plan des sites de tournage à visiter :
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Désormais consciente de son potentiel, Villefranche mise sur le cinéma pour accélérer son développement économique. La municipalité met tout en oeuvre pour accueillir au mieux les professionnels du septième art, en collaboration avec Occitanie films ainsi que l’ensemble des partenaires institutionnels.
Lire aussi notre article : Villefranche, ville de cinéma.
Crédits photographiques : Didier Gailhard, Pascal Fernandez, Sarah Prata
La bande-annonce de la série “Toute la lumière que nous ne pouvons voir”
(Lancement de la série le 2 novembre 2023)
Toute la lumière que nous ne pouvons voir : l’affiche officielle
Voici l’affiche officielle de la mini-série Toute la lumière que nous ne pouvons voir :