Villefranchois célèbres|

Au XIXème siècle, les Cibiel forment une grande famille de notables villefranchois dont l’influence s’étendra jusqu’à Toulouse, Rouen, Paris et même à l’étranger.

Entrepreneurs, négociants, banquiers, investisseurs, hommes politiques, les Cibiel participeront à l’industrialisation de la France et à l’épopée du chemin de fer.

Cette riche famille donnera en outre trois maires à Villefranche-de-Rouergue.

Le plus célèbre des membres de cette lignée est Vincent Cibiel, qui a donné son nom à une avenue de Villefranche-de-Rouergue.

Jean Louis Cibiel : le fondateur.

Colporteur

Le fondateur de la dynastie est Jean Louis Cibiel (1766-1837), négociant né à Sauveterre-de-Rouergue, venu s’installer à Villefranche aux alentours de la Révolution française.

Son père, originaire du Cantal, était colporteur, membre d’un réseau européen de vente d’objets en tous genres.

Jean Louis Cibiel s’enrichit dans les fournitures aux armées sous la Révolution et l’Empire, ce qui lui permet d’acquérir la Borie des Pères (ensemble immobilier vendu comme bien national en 1796), l’abbaye de Loc Dieu (1812) et le couvent des Ursulines de Villefranche.

Il est maire de Villefranche-de-Rouergue de 1832 à 1837 ; il meurt en fonction.

Il est le père de Vincent Cibiel (voir plus bas) et de Louis François Cibiel.

Il est aussi le frère de Vincent Cibiel (donc homonyme de son fils, 1780-1852), négociant, banquier à Toulouse, président de la chambre de commerce, juge au tribunal de commerce et maire de Toulouse (1832).

Vincent Cibiel : le plus influent.

Fils de Jean Louis Cibiel, Vincent Cibiel (né en 1797 à Villefranche et mort le 29 juillet 1871 dans la même ville) deviendra le plus puissant des membres de la famille Cibiel, mais ne sera jamais maire de Villefranche.

Négociant à Villefranche, il réalise de grands bénéfices sur les actions de chemin de fer.

débuts du train à villefranche-de-rouergue

Très impliqué dans la grande aventure du chemin de fer, il collabore avec les frères Pereire. Il devient vice-président de la Compagnie générale transatlantique et de la Compagnie immobilière. Il siège au Sous-comptoir des chemins de fer et est membre du Cercle des chemins de fer.

Il participe à la création, à Paris, de grands hôtels de voyageurs proches des gares, à la Compagnie générale transatlantique ou à celle des Messageries du Midi.

En 1828, il épouse Zoé Barbet (1810-1977), fille d’Henry Barbet, pair de France, industriel, maire de Rouen et commandeur de la Légion d’honneur. Il s’installe alors à Rouen avant d’acquérir le château de la Celle-les-Bordes, dans les Yvelines.

Conseiller général de l’Aveyron, il est élu en 1837 député de Villefranche. Il soutient la majorité ministérielle (Guizot, Molé).

Il est réélu en 1839, 1842 et 1846 (Monarchie de Juillet) : à chaque élection, il mène des campagnes de porte à porte et laisse parfois une pièce d’or sur la table des personnes qu’il visite (le suffrage étant censitaire, seule une partie de la population pouvait voter).

Il adhère à la politique du “juste-milieu” jusqu’à la fin du règne de Louis-Philippe, soutenant toutes les initiatives gouvernementales.

Il a quatre enfants :

  • Louise,
  • Marie, qui épousera successivement deux hommes de grande famille : Pierre de Rémusat (1829-1862) puis Odilon Lannelongue (1830-1911), membre de l’Institut et président de l’Académie de médecine,
  • Claire,
  • et Alfred (voir plus bas).

Son frère Louis François Lucien Cibiel (1812-1869), banquier surnommé “Louis aux Louis d’or”, fut maire de Villefranche-de-Rouergue de 1845 à 1847.

Les frères Cibiel investissent dans l’éclairage au gaz (Villefranche-de-Rouergue, Toulouse, Saint-Lô, Bayeux et Rouen), dans des mines (Aveyron, Tarn) et dans l’industrie lourde comme la Fonderie Générale de Grenelle.

Ils participent à la grande aventure du Crédit Mobilier, fondé en 1852.

Ils financent l’aménagement de certaines villes (rue Impériale à Marseille, terrains de la rue Lecourbe à Paris). Ils participent en outre à la fondation des Grands Magasins du Louvre.

Ils se rendent propriétaires de plusieurs châteaux et hôtels particuliers en Haute-Garonne, à Paris et en Normandie.

Alfred Cibiel, le continuateur.

alfred cibiel villefranche-de-rouergue

Fils de Vincent Cibiel, Alfred Cibiel (Rouen 1841- Paris 1914) fait lui-aussi carrière dans la finance et l’industrie.

Député conservateur de l’Aveyron durant 38 ans (1876-1914), il est maire de Villefranche de 1874 à 1877. Il est en outre conseiller général de l’Aveyron.

En 1867, il épouse Jenny Béranger.

Il devient propriétaire, entre autres, d’un hôtel particulier à Paris (24-26 avenue Gabriel), du grand séminaire de Rodez (actuel Collège Joseph Fabre), des châteaux de Graves et de Najac (qu’il sauve de la destruction) ainsi que de l’hôpital de Villefranche.

Grand propriétaire, héritier d’une fortune gigantesque, Alfred Cibiel s’affiche conservateur et catholique, opposé au socialisme et à la franc-maçonnerie, favorable au retour de la monarchie. Il s’appuie sur l’Église catholique aveyronnaise, ainsi que sur ses journaux : Le Progrès de l’Aveyron (Villefranche-de-Rouergue) et L’Express du Midi (Toulouse).

Avec sa soeur Marie, Alfred Cibiel participe à des œuvres de bienfaisance : création ou réaménagements d’hôpitaux ou d’hospices (Rulhe, Villefranche-de-Rouergue, Albi, Toulouse, Paris…), d’orphelinats, d’asiles ou d’écoles (Villefranche-de-Rouergue). Il fit don de l’usine à gaz familiale à la ville de Villefranche-de-Rouergue.

Les Cibiel contribuèrent aussi au monde des arts et lettres en aidant Bourdelle, Bizet, Charles de Pomairols ou encore le sculpteur Briguiboul.

Les Cibiel rénovent aussi l’abbaye de Loc Dieu, qu’ils transforment en un manoir de style néo-gothique (ci-contre).

Alfred Cibiel n’aura aucune descendance. Mais les descendants de sa soeur Louise (famille Masson-Bachasson de Montalivet) sont toujours les propriétaires aujourd’hui de certains bien familiaux, notamment l’abbaye de Loc-Dieu et le château de Najac, deux magnifiques monuments situés à quelques kilomètres de Villefranche-de-Rouergue.

Bibliographie :

  • Robert Taussat, Trois générations de notables villefranchois : les Cibiel, Études aveyronnaises (recueil des travaux de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron), 1997,
  • Philip Malgras, thèse Théorie des organisations et histoire de la famille. L’apport de l’analyse des réseaux dans la reconstitution et l’étude de l’ascension prodigieuse de la famille Cibiel : du colportage à la haute finance (1754-1914).

Voir aussi le mausolée Cibiel au cimetière de Villefranche-de-Rouergue.

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