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La chapelle des Pénitents noirs, située boulevard de Haute-Guyenne à Villefranche-de-Rouergue, est un trésor au sens propre du terme, un monument qui laisse le visiteur bouche bée du fait de sa beauté et de son faste.

Construite entre 1642 et 1671, ce pur joyau de l’art baroque a été entièrement restauré lors de différentes campagnes à partir des années 1980, et est aujourd’hui ouvert à la visite.

Crédits photos : Jérôme Morel – Editions de la Cévennes

Aux origines de la chapelle des Pénitents noirs (un peu d’Histoire)

Le 31 octobre 1517, le moine allemand Martin Luther placarde, sur la porte de l’église du château de Wittenberg, 95 thèses critiquant les agissements de l’Eglise catholique, donnant ainsi naissance au protestantisme. Moins de 15 ans plus tard, les premières familles huguenotes (c’est-à-dire protestantes) apparaissent dans le Rouergue (actuel département de l’Aveyron).

Les guerres de Religion sévissent en France de 1562 à 1598, opposant catholiques et protestants. A Villefranche-de-Rouergue, une troupe de protestants envahit la bastide, chasse les Chartreux de leur monastère et séquestre les chanoines dans la collégiale. Cantonnée dans le château de Graves, à l’extérieur de la cité, la garnison est massacrée par les catholiques en dépit d’un accord de paix.

Au début du XVIIème siècle, après les déchirements qui opposent la Ligue catholique aux protestants, Villefranche-de-Rouergue, dans laquelle Cordeliers, Chartreux et Augustins sont établis, connaît un regain de ferveur religieuse. Les chapelles Saint-Roch, Notre-Dame de Treize-Pierres et Saint-Joseph sont érigées, de même que sont édifiés de nouveaux couvents par les Capucins, les Ursulines, les Visitandines, les Clarisses, ainsi que le collège des Pères de la Doctrine Chrétienne.

Aussi, en 1609, au lendemain du concile de Trente et dans le contexte de la Contre-Réforme catholique (dont le but est de faire reculer le protestantisme), deux confréries de Pénitents, composées de laïcs et de membres du clergé, sont fondées dans la bastide :

  • la confrérie des Pénitents bleus de Saint-Jérôme, qui se dote d’une chapelle dont la façade est encore visible aujourd’hui rue du Sénéchal,
  • et la confrérie des Pénitents noirs de la Sainte Croix, qui se dote d’une chapelle dans la partie haute de la cité dès 1642 : c’est la chapelle dont nous parlons.

Les Pénitents souhaitent racheter leurs fautes en accomplissant des bonnes actions, en s’occupant des malades et en gérant les monts-de-piété (prêts sur gage). Ils organisent des cérémonies funéraires, accompagnent les condamnés à mort, aident les femmes de joie à quitter leur condition, distribuent du pain et secondent les mères en détresse, tout cela en dehors de leur activité professionnelle.

Lire aussi notre article : Les congrégations de pénitents de Villefranche.

La chapelle des Pénitents noirs de Villefranche-de-Rouergue

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De taille modeste, la chapelle des Pénitents noirs de Villefranche-de-Rouergue adopte un plan en forme de croix grecque. Elle est surmontée d’un curieux toit à deux clochetons superposés.

Sa façade est modifiée au XVIIIème siècle. Néanmoins, c’est principalement le décor intérieur qui a subi les modifications les plus importantes avec l’ajout d’éléments baroques de tout premier ordre.

A la fin du XVIIème siècle, la confrérie, qui accueille désormais dans ses rangs des femmes et des artisans, s’enrichit considérablement. L’architecture et l’ornementation de la chapelle subissent alors d’importantes modifications. Au moment de son apogée, celle-ci compte près de 300 membres, apportant des revenus conséquents qui permettent l’embellissement de l’édifice.

Une balustrade en pierre vient couronner la façade et des baies sont bouchées afin de libérer, à l’intérieur de l’édifice, une surface murale permettant la pose de grands tableaux.

La voûte

Réalisée à la fin du XVIIème siècle, la voûte en bois est couverte d’un décor naïf dû à Mathieu et Pierre Guy, deux peintres établis à Villefranche-de-Rouergue.

Le plafond de la chapelle des Pénitents noirs de Villefranche-de-Rouergue

L’iconographie fait référence au culte de la Vraie Croix, Croix que l’on retrouve représentée sur un petit dôme central, entourée d’une nuée d’angelots. Plusieurs personnages figurent autour :

  • les quatre évangélistes et leur symbole respectif : saint Luc et le taureau, saint Marc et le lion, saint Matthieu et l’ange, Saint Jean et l’aigle,
  • l’empereur romain Constantin Ier ainsi que sa mère, sainte Hélène.

Selon la légende, à la veille de la bataille du pont Milvius en 312, Constantin aurait vu apparaître une croix dans le ciel, accompagnée des mots “In hoc signo vinces” : “Par ce signe, tu vaincras”. Effectivement, Constantin remporte la bataille. Subjugué par cette apparition, Constantin décide de faire cesser les persécutions envers les chrétiens. Il finira même par se convertir, faisant basculer tout l’empire dans le christianisme. Peu de temps après, sa mère Hélène découvrira, lors d’un pèlerinage à Jérusalem, les restes de la Croix et des instruments de la Passion.

Sont également représentés saint François de Sales, connu pour son engagement à la fin du XVIème siècle contre la Réforme protestante et son exaltation du culte de la Croix, ainsi qu’un grand nombre d’angelots évoluant dans un décor de rubans, d’arabesques et de guirlandes de fruits et de fleurs.

Le retable de la chapelle des Pénitents noirs

Commandé en 1709 et terminé en 1725, l’impressionnant retable (partie postérieure décorée de l’autel) témoigne d’une possible influence espagnole.

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Réalisé en bois sculpté et doré, il se compose de quatre grands panneaux en bas-relief, entourant un Christ en croix figurant dans un baldaquin couvert d’une voûte à caissons semés d’étoiles et de fleurs.

Les panneaux, exceptionnels dans leur traitement, illustrent les principales scènes de la Passion du Christ : le baiser de Judas dans le jardin des Oliviers, la Flagellation, l’Ecce Homo et le Christ sur le chemin du Calvaire.

Sur la table d’autel, se dresse le tabernacle (petite armoire abritant l’hostie sacrée) symbolisant la présence réelle du Christ dans l’édifice.

Un jeu de colonnes cannelées et torses les encadre, leurs chapiteaux étant de style composite avec des feuilles d’acanthe et des animaux.

Un second entablement couronne le retable, soutenu par six colonnes et surmonté d’une série de pots-à-feu et de pots-à-fleurs. Les quatre évangélistes et deux anges encadrent la Trinité : le Christ ressuscité est accueilli par Dieu le Père sous la protection de la colombe du Saint-Esprit.

Seuls les visages et les parties du corps des personnages, non recouverts de vêtements, ne sont pas dorés à la feuille, introduisant ainsi beaucoup de vie à ces scènes.

Les six grands tableaux

La chapelle des Pénitents noirs de Villefranche-de-Rouergue est ornée de six grands tableaux datant de 1766, commandés au peintre toulousain Charles Dujon afin d’orner les murs de la chapelle, auparavant percés de baies.

Ces tableaux, effectués d’après des gravures, sont des copies d’oeuvres de Jean-Baptiste Jouvenet (l’Erection de la Croix, la Descente de Croix et la Présentation au Temple), de Louis de Boullogne dit Le Jeune pour l’Annonciation, de Carle van Loo pour l’Adoration des Bergers et probablement du peintre toulousain Jean-Baptiste Despax pour le Mariage de Joseph et de Marie, un thème peu traité en peinture.

Ces tableaux sont enchâssés dans de grands cadres en gypserie, dorés à la feuille, surmontés de bâtons de procession et d’objets liturgiques comme des calices et des ostensoirs.

Sous la tribune, sont présentés des instruments de musique et des partitions rappelant l’activité des chantres qui y prenaient place.

Les stalles

Les stalles sont des sièges de bois à dossier élevé, réservés aux membres du clergé.

Situées dans la tribune de la chapelle, elles sont une donation de Vincent Cibiel, riche Villefranchois qui racheta l’abbaye de Loc-Dieu (sur la commune de Martiel) dans le courant du XIXème siècle.

De style gothique flamboyant et attribuables aux années 1440, elles sont ornées de motifs végétaux qui rappellent l’austérité des moines cisterciens et leur attachement à la nature.

Voir aussi notre article sur la chapelle Saint-Jacques.

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Visitez la chapelle des Pénitents noirs

Contact :
Office de Tourisme
Promenade du Guiraudet
12200 Villefranche-de-Rouergue
05 36 16 20 00
contact {at} ouest-aveyron-tourisme.fr
www.bastides-gorges-aveyron.fr


La chapelle des pénitents noirs de Villefranche-de-Rouergue
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